Lundi 14 octobre, alors qu'elles étaient accompagnatrices lors d'une sortie scolaire, deux femmes voilées se sont vu refuser l'accès à la caserne des pompiers de Creil. Le SDIS de l'Oise évoque une "erreur d'interprétation."
En début de semaine, les élèves de l'école Louis Pergaud étaient en visite à la caserne des pompiers de Creil. Parmi les accompagnatrices, deux mamans se sont vu refuser l'accès par un officier parce qu'elles portaient le voile.
"Quelle ne fut pas ma surprise quand le sapeur-pompier a indiqué que parmi les mamans accompagnatrices, les deux qui sont voilées ne seront pas admises dans l’enceinte de la caserne avec leur foulard pour principe de laïcité. Je ne dis rien, j’accuse le coup. Je retrouve un peu mes esprits et lui indique qu’en tant que simple visiteur, je ne suis pas tenue au principe de laïcité", confie l'une d'entre elles sur Facebook.
La visite est finalement annulée. "Apparemment, il s’agit du premier incident de ce type à la caserne des pompiers de Creil. Il y a eu d’autres visites avec d’autres classes de maternelle en septembre sans aucune discrimination des mamans voilées. J'espère donc que cet incident restera isolé ! Je suis triste pour nos enfants qui se faisaient une joie de visiter ce lieu emblématique", poursuit-elle.
Elle portaient un voile simple, un hijab et indique, qu'outre le voile, elle était vêtue d'un pantalon et d'une veste. "L'officier pensait bien faire, son objectif était d'appliquer la loi, de bonne foi, je pense que c'est une erreur d'interprétation", a souligné Éric de Valroger, président du SDIS de l'Oise.
L'officier a présenté ses excuses
"Depuis, il y a eu des discussions entre cette dame et l'officier, qui a présenté ses excuses. Les choses se sont apaisées", affirme Éric de Valroger, également vice-président LR du conseil départemental de l'Oise. "Je ne prendrai pas de sanction contre lui."Le maire de Creil, Jean-Claude Villemain a également réagi sur sa page Facebook "Connaissant cet officier et son vécu sur le quartier, il ne peut être soupçonné d'acte anti republicain", a-t-il écrit, précisant que la maman et la classe étaient invitées à une nouvelle visite à la caserne.
La seconde maman, qui portait un tchador, s'est vu également refuser l'accès à la visite un peu plus tôt lundi avec une autre classe du même établissement. Selon le président du SDIS, elle n'a pas contesté cette décision et la visite scolaire s'était déroulée normalement, sans elle.
La loi de 2004 applicable aux élèves seuls
Cet incident intervient alors que l'exécutif se divise sur le cas des mères voilées accompagnant les sorties scolaires. Vendredi 11 octobre, une accompagnatrice d'un groupe scolaire, qui assistait au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté réuni en assemblée plénière à Dijon, a été agressée verbalement par un responsable RN. En pleine séance, l'élu lui a demandé de retirer son voile.30 ans après l'affaire du foulard de Creil, la question du port du voile dans les espaces publics est toujours d'actualité. En octobre 1989, trois adolescentes voilées avaient été exclues temporairement de leur collège de l’Oise parce qu’elles refusaient de retirer leur foulard en classe.
Après cette affaire, il faudra attendre 14 ans avant qu'une commission de réflexion sur l'application du principe de laïcité ne soit constituée en 2003 par le président de la République de l'époque Jacques Chirac. En découle la loi de 2004 sur le port de signes religieux ostensibles dans les écoles, collèges et lycées publics. Cette loi n'est applicable que pour les élèves et ne concerne pas les parents.
⚠️Non,la loi de 2004 évoquée interdit le port de signes ostensibles (tous) aux seuls élèves(parce que mineurs en phase d’acquisition des bases du savoir)et non aux parents. J.Chirac et la Commission Stasi,à l’origine de la loi,ne voulaient justement pas d’1 application plus large https://t.co/gBQCrzeCNB
— Nicolas Cadène (@ncadene) October 14, 2019
Le port du voile "traditionnel", c'est à dire celui qui laisse apparaître le visage, est autorisé dans les espaces publics. En ce qui concerne le voile intégral, il est interdit dans la rue, les transports et les services publics depuis une loi de 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.